Tu le sais, derrière chez Nous c’est la forêt. Pas une immense forêt , mais bien assez grande pour abriter de nombreux animaux et quelques grands arbres, de ces arbres vénérables pleins de prestance et de sagesse.
 
Depuis un an que nous avons posé nos marques ici, nous apprenons à les connaître au fil des balades. Certains nous attirent plus que d’autres, ceux-là sont devenus des amis. Ils reçoivent nos visites, accueillent patiemment les joies comme les peines que nous pouvons déposer à leurs racines. Ils savent recevoir nos états d’âme, apaiser nos tourments. Ou simplement nous honorer de leur présence, comme des anciens, sages…
 
Certains ont été marqués récemment, nous nous en sommes inquiétés. Pourquoi ces arbres, des petits, des grands ? Pourquoi à cet endroit ? Plus tard nous avons constaté les dégâts, un carnage, une sorte d’abattage anarchique, en des lieux où ça n’avait aucun sens ni intérêt. Sensation de dégoût, d’incompréhension, de tristesse. Il n’y a pas qu’en Amazonie que les forêts sont ravagées…
 
Aujourd’hui nous apprenons par un garde-chasse, tout aussi dépité que nous, que toute une partie de la forêt va être… rasée… Probablement pour agrandir la carrière de la cimenterie.
La forêt va être dévastée, les animaux chassés, des amis massacrés. J’en suis profondément attristée et c’est une peine immense, un gros chagrin d’enfant dont le coeur ne comprend pas.
Dans un premier temps il y a la colère, la révolte, j’ai envie de trouver une solution (en mode “vous ne passerez-pas !!!”). Sous la colère il y la tristesse. J’ai besoin de sens. Alors je cherche… Comme aux personnes qui me consultent, je me dis : “quel est le cadeau derrière ?”. Au-delà de l’émotion je me souviens difficilement que sous chaque événement, même le plus douloureux, il y a une récompense, un apprentis-sage.
 
Ce sont des arbres qui vont disparaître, mais c’est notre humanité, notre capacité à être humains, qui me questionne. Ce sont les Êtres que nous sommes qui sont en sursis à travers les destructions et les ravages de tous ordres. Où est passée notre conscience ?
 
Dans ma pratique de thérapeute, je m’oriente de plus en plus vers cette notion de renouer avec le Sacré, celui qui est en Soi, celui autour de soi, pour qu’il soit incarné dans ce monde. Cet événement me dit de continuer plus que jamais dans cette voie. Pour certains le Sacré est assimilé à la religion, je préfère la définition “qui est digne du respect absolu”. Et pour moi, humains, arbres, animaux, le vivant, tout a droit à ce respect.
 
Peut-être que ça te paraît perché, “genre tout le monde il est beau”. J’ai envie de te dire au contraire. On parle bien d’agir en conscience, d’incarner. C’est juste une autre façon de faire, plus en accord avec nous-mêmes.
 
Alors aujourd’hui, plus que jamais, je me dis qu’il est temps de retrouver notre humanité, de retrouver le lien avec notre nature profonde et avec LA nature, dont nous faisons partie, de nous souvenir que nous sommes en lien avec tout ce qui vit.
 
Parce que sérieusement, est-ce que tu peux imaginer quelqu’un qui est dans la conscience de cette notion de vivant, de respect, de lien, en train de détruire ? Est-ce que tu crois vraiment que quelqu’un ayant contacté cette part sacrée, précieuse, cette essence (appelle ça comme tu veux), peut avoir envie d’éclater la gueule de son voisin ?!? Naïvement, je pense que non.
Alors je vais accueillir ma peine du mieux que je le peux. Ensuite, je vais honorer ceux qui vont partir, à ma façon. Et puis je vais continuer mon patient travail de colibri.
 
Continuer à me déployer, pour mieux accompagner, accueillir, aider. Et si par mes consultations, mes “enseignements”, les partages, “j’ouvre” quelques consciences, même à un petit niveau, j’aurais fait ma part et les colibris seront plus nombreux.
 
On ne vit pas chez les bisounours, mais en devenant de plus en plus nombreux à agir en être humain, en écoutant ce qu’il y a en nous, wow… tu vois le truc ? Juste traiter les autres comme on voudrait l’être, faire en conscience. C’est tout bête hein ? Mais ça change tout, imagine !
 
Fais quelque chose pour toi aujourd’hui… en toute conscience…
 
Isabelle